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Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin

Messe pour un corps de Michel Journiac, performance avec boudin

Messe pour un corps, performance de Michel Journiac

Pionnier de l’art corporel, Michel Journiac a basé la seconde partie (la plus connue) de son travail artistique sur le corps qu’il considère comme « une viande consciente socialisée ». Que ce soit dans ses performances, installations ou ses « actions photographiques » l’artiste n’hésite pas à investir tout son corps pour dénoncer les rituels sociaux de notre société, notamment au travers de séries de photographies dans lesquelles il se travestit en femme (24 heures dans la vie d’une femme ordinaire, 1974) ou prend la place de tous les membres d’une même famille (L’inceste, 1975). Mais certaines performances peuvent aller encore plus loin dans l’implication de son corps. boudin

La performance Messe pour un corps réalisée en 1969 peut se lire comme étant subversive et blasphématoire. Pourtant il n’en est rien, Michel Journiac a fait des études de théologie et est même devenu séminariste, avant de se consacrer entièrement à l’art. Dans cette performance, l’artiste, travesti en prêtre exécute une messe catholique dans la Galerie Templon, messe durant laquelle le public est invité à communier avec une hostie hors du commun. En effet, cette hostie est en réalité du boudin, boudin lui-même cuisiné avec le sang de l’artiste. La recette reprise mot pour mot ci-dessous est extraite du site de l’artiste :

 

RECETTE DE BOUDIN AU SANG HUMAIN

Prendre 90 cm3 de sang humain liquide (le contenu de trois seringues grand modèle),
90 g de gras animal, 90 g d’oignons crus, un boyau salé, ramolli à l’eau froide puis épongé,
8 g de sel, 5 g de « quatre-épices », 2 g d’aromates et de sucre en poudre…

Hacher la moitié du gras, couper le reste en dés et couper de même les oignons en dès
et les faire blanchir cinq à six minutes à l’eau salée, les égoutter et les laisser refroidir.

Faire fondre le gras haché, ajouter les oignons et les faire cuire un quart d’heure
à feu très doux, y mélanger le gras coupé en dès et laisser cuire sept à huit minutes, retirer la casserole du feu et mêler peu à peu le sang humain à la graisse,
tourner alors le liquide sur le feu jusqu’à ce qu’il soit légèrement lié (10 à 12 minutes),
ajouter les différents ingrédients.

Nouer le boyau à un bout, introduire un entonnoir dans l’autre extrémité, remplir avec le mélange, nouer et mettre sur une grille dans une casserole en couvrant
avec de l’eau chaude fortement salée.
Mettre le récipient sur le feu jusqu’à ébullition et le retirer aussitôt.
Lorsque le boudin est raffermi, l’égoutter, le couvrir avec un linge et le laisser refroidir.
Couper le boudin en tronçons et le faire griller.

 

Pour l’anecdote, en 1993, scandalisé et révolté par l’affaire du sang contaminé, Journiac avait envoyé par la Poste des billets de banque tachés de son propre sang. Dénonçant ainsi, par une forme d’art postal, la gestion qu’il considère comme inhumaine et purement économique du don du sang.

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