La recette de la variole

Le virus de la variole recréé

Le virus de la variole, heureusement éradiqué depuis la fin des années 70, a pu être recréé ex-nihilo en laboratoire. Ce qui est inquiétant, c’est que cela s’est avéré relativement facile : il a suffit de 6 mois, 100 000 dollars, une séquence génétique publiée sur le web, mais pas de compétence particulière.

Les chercheurs canadiens à l’origine de cette démonstration ont commandé par internet des morceaux d’ADN synthétiques, qu’ils ont ensuite assemblés pour obtenir le génome complet du virus. Cet ADN, inséré dans des cellules en culture, a permis la fabrication de particules virales infectieuses. Il s’agissait-là de la variole du cheval, inoffensive pour l’homme, mais cela prouve qu’il est maintenant possible de fabriquer quasiment n’importe quel virus.

Alors que la conservation de quelques échantillons du virus de la variole, à des fins de recherche, soulevait l’inquiétude d’une possible utilisation bioterroriste, ce débat semble maintenant bien dérisoire. Plus besoin de braquer un laboratoire sécurisé pour se procurer le mortel virus, il suffit de le fabriquer…

Cette « preuve de concept », réalisée par des chercheurs, s’inscrit dans le contexte de l’inquiétante émergence de laboratoires amateurs. Les nouvelles technologies permettent en effet à des « biohackers » de réaliser toutes sortes de manipulations génétiques. L’un deux a tenté, sans succès, d’augmenter sa masse musculaire par thérapie génique, alors qu’un autre pensait pouvoir se débarrasser du VIH en s’injectant un traitement-maison. Ces activités sont très difficiles à réguler, la commande de séquences virales partielles étant par exemple totalement passée sous le radar des autorités.

La science fait des émules, pour le meilleur et pour le pire… Et vous, quel virus choisirez-vous de fabriquer dans votre cuisine ?

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